J’ai toujours pensé que je m’attèlerai un jour à une entreprise de ce genre. Ce dictionnaire encyclopédique est un aboutissement, que dis-je, le summum de ma pensée, le pinacle.  J’y ai travaillé seul, durant plusieurs années, avec acharnement. Il m’a fallu, durant tout ce temps, sacrifier ma vie personnelle, pourtant ô combien palpitante naguère. J’ai dû parfois écarter d’un pied rageur des proches qui tentaient de m’amadouer avec leurs gestes tendres et de la nourriture. Ah ! Combien de fois ai-je entendu le fatidique « A table, on mange ! » pendant que je rédigeais fiévreusement, la plupart du temps debout devant mon ordinateur, de nouvelles définitions ? Combien de collègues universitaires ont pernicieusement désapprouvé cette entreprise, sans doute trop révolutionnaire à leur goût ?

Mais malgré les défis titanesques, les obstacles telluriques qu’il m’a fallu franchir, les océans d’incertitude que j’ai dû traverser à la seule force des vents contraires, malgré la perspective toujours renouvelée de voir l’horizon s’éloigner à chaque pas accompli vers l’achèvement de mon œuvre et malgré donc mon entourage, jamais, ô combien jamais,  je n’ai songé à renoncer. Et c’est mû par la volonté d’acier  peroxydé qui me caractérise que la rédaction du « Dictionnaire Encyclopédique Éhonté et Implicitement  Déraisonné de l’Universel » en six volumes, de A à Zargo, a pu être achevée en une vie d’homme !

Sonnez trompettes ! Résonnez hautbois !

Ô joie ! Ô accomplissement !

Holala ! !

Le produit de ce travail herculéen est un dictionnaire prodigieux, tout à fait unique en son genre.